Les crevettes benthiques et les crevettes pélagiques du krill sont très prisées par les poissons carnassiers qui les chassent toute l'année et dans toutes les mers. Les plus extraordinaires sont les crevettes du krill ou euphausiacées qui sortent mystérieusement des profondeurs pour se faire engloutir par les poissons chasseurs et les mammifères géants que sont les baleines.
Les euphausiacées sont un peu les équivalents des insectes aquatiques de nos eaux douces. Ils occupent les mêmes niches écologiques et s'intègrent au même niveau dans les chaînes alimentaires. Ces petites crevettes (2 à 4 cm ) sont fragiles, légères, translucide-orange et presque aériennes. Elles se déplacent en banc de millions d'individus. Ces mannes de la mer effectuent des migrations verticales des grands fonds vers la surface pour frayer et se nourrir dans les bouillons cellulaires d'algues phytoplanctoniques. Leurs oeufs dégringolent ensuite à plus de 1000 m de profondeur. Tous ces mouvements sont nocturnes pour échapper aux prédateurs qui les repèrent plus difficilement dans l'obscurité. Lorsque les euphausiacées ont bien brouté en surface les cellules phytoplanctoniques, ils sondent dans les fonds abyssaux, à la fraîcheur pour économiser leurs dépenses énergétiques (fonctions vitales ralenties). Et pendant 4 années de vie dans les océans, les euphausiacées montent et descendent dans la colonne d'eau en essayant d'éviter les attaques de leurs nombreux prédateurs.

Les poissons carnassiers se jettent violemment dans les grands bancs de krill. La gueule ouverte, ils enfouissent un maximum d'euphausiacées en un minimum de temps. Ils se régalent de cette manne de la mer qui leur apporte énergie et puissance.

Les carnassiers guettent avec attention les déplacements des euphausiacées. Les loups, les séverots, les calmars attendent les crevettes dans les zones portuaires éclairées. Les euphausiacées par phototropisme positif sont attirés par la lumière. Ils se rassemblent par millier sous les lampadaires des ports ou sous les lampes des pêcheurs qui les capturent dans leurs filets pour en faire des appâts. En janvier et en février pendant la fête de la St Dévote , des bancs d'euphausiacées sont transportés par les courants devant et dans le port de Monte-Carlo. Les poissons carnassiers se ruent sur cette manne providentielle. Il faut alors admirer sous les éclairages du port, le balais tournoyant des prédateurs qui encerclent les bancs de crevettes. Les séverots surfent pour percuter les masses d'euphausiacées qui tournoient affolés par ces attaques subites. Ils les avalent, les déchirent, et ils s'enivrent de leur chair. Les poissons excités par cette nourriture abondante et facile à capturer, perdent leurs méfiances et se laissent leurrer par de jolies artificielles correctement présentées et animées à proximité des bancs de krill.