Le TB formé est compressé entre les doigts pour lisser sa surface. Puis, il est tout simplement enlevé de l'aiguille avec l'ongle du pouce. C'est à ce moment qu'il épouse sa forme définitive et qu'il peut recevoir des additifs. Pas sec, il peut être courbé, vrillé, spasmé, aplati sur demande. C'est le moment ou jamais de le travailler avec les doigts ou un moule. Des filaments de cuivre peuvent à ce moment être glissés dans le TB pour guider ultérieurement la forme des abdomens de larve. Son extrémité peut également être plongée dans des poudres de différentes couleurs ou phosphorescences pour faire des abdomens de lucioles par exemple.

© J.L Teyssié photographe , créateur
       

Vous pouvez obtenir des effets surprenants en mélangeant des dubbings naturels ou artificiels. Les cocktails bien dosés se rapprochent aisément de la réalité des corps. De plus vous pouvez également utiliser la technique des multicalques pour superposer deux couleurs différentes ou deux textures différentes et ainsi créer des contrastes. Cette méthode consiste à faire un TB avec un premier dubbing qui sera la sous-couche et ensuite le recouvrir partiellement de colle et d'un deuxième dubbing d'une couleur différente voir d'un troisième etc. On peut alors jouer sur les épaisseurs et les couleurs donc sur les volumes et les reliefs des corps synthétiques. Exemple, une première couche de dubbing orange est recouverte d'une deuxième couche de dubbing gris-dun sauf à l'extrémité du TB. Vous créez ainsi un TB imitant l'abdomen d'un Oligoneuriella rhenana femelle avec sa masse ovigère. Ici la technique du multicalque permet de différencier par exemple le sexe ou la maturité d'un insecte aquatique.

Les TB avec cerques ou exuvie sont un peu plus délicats à réaliser. Les cerques doivent être déposées avant le dubbing sur la pointe de l'aiguille. Le coconnage final devient alors difficile car il faut maîtriser la tension du dubbing, la vitesse de rotation de l'aiguille et la constance des positions des cerques souvent déplacées par le mouvement de rotation ou par le contact avec le dubbing. Vous verrez bien avec l'habitude. L'exercice est difficile au départ mais il est payant à l'arrivée.

Les TB sèchent pendant 24h, le temps d'une bonne catalyse. Ensuite, ils peuvent être décorés. Il faut donc les réaliser en série pour limiter les pertes de temps. Un TB sec peut être feutré au permanent. Il peut être coloré. Les différentes formes de l'abdomen peuvent surgir d'un trait de permanent. Les segments sont dessinés et des zones de contraste déterminées. Le TB devient alors un abdomen réaliste et craquant.

       
   

J'utilise des dubbing très très fins (ESFT) et lisses pour réaliser des corps d'éphémères. Je travaille sur une petite aiguille à dissection. Je réalise ainsi des TB très petits, très légers dont la longueur est modulable. Et puis un truc pour vous car j'aime bien partager, c'est plus fun ! Faites des TB plus longs que la normale. Couper-les ensuite. Une partie servira à faire votre abdomen. La base restante formera un TT ou Tube Thorax que j'ai imaginé cet été. Ainsi vous pouvez utiliser le même TB dans les mêmes tons pour réaliser le corps et le thorax d'une mouche. Ce TT creux favorise encore plus la flottaison du leurre. Je le fixe à mi-hampe, devant le TB pour qu'il puisse se replier en avant pour former le thorax. Coincé aux extrémités le TT est une bouée supplémentaire dans laquelle peuvent être introduites quelques protéines diffusantes et attirantes. Mettez quelques flocons pour poissons d'aquarium dans les TT et vous devenez alors de véritables braco !

       

Je monte des mercantours avec des TB ovales réalisés avec des dubbing grossiers dont les fibres qui dépassent, emprisonnent bien graisse et bulles d'air. Idem pour les TB de trichoptère qui sont fabriqués avec des poils de chevreuil broyé, des duvets de CDC ou des poils de lièvre. Cela donne un mouvement au leurre ou un aspect duveteux comme les corps de papillons. Ces TB et TT sont réalisés sur des aiguilles plus grosses, voir les premiers numéro des aiguilles à tricoter.

Quant aux plécoptères, je m'amuse à habiller mes TB soit avec des films thinskin pour les larves soit avec des films zing. Lorsque le TB n'est pas encore sec, j'enroule autour de son corps une fine lamelle des deux produits pour segmenter le corps. Cela donne un effet craquant et cela solidifie le TB.

 
       

Bien, je ne vais pas vous dire tous mes trucs non plus, enfin pas encore. Mais dites-vous bien que les mouches TB marchent, flottent, vibrent, attirent. Il suffit de les adapter à vos contextes, à vos habitudes et de les concevoir à partir de vos observations de terrain. L'avantage de ce nouveau concept, réside dans le plaisir de monter et de fabriquer ses propres TB ou TT pour habiller les artificielles de toute taille. Micro TB, TB calque, TB CDC, macro TB, TB terrestre, TB opaque, TB terrestre sont nés pour s'amuser aussi bien à la pêche que pendant le montage. C'est aussi agréable que de faire des mouches et en plus on a l'impression en final de gagner du temps à faire des mouches en kit. Les combinaisons deviennent alors infinies et modulables car si un TB ne convient pas ou se perd en vol, il suffit de le remplacer sur la partie postérieure de la mouche ! Rien de plus simple !

         
 

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