LES RESCAPES DU GOUR EMERAUDE  
© J.L Teyssié photographe
 
 
 

Les anciens parlaient de génération spontanée lors des brusques réapparitions d'animaux après un aléa climatique sévère. Les modernes expliquent scientifiquement que beaucoup d'animaux se protègent des intempéries diverses en tombant dans un sommeil profond. Nous connaissons bien l'hibernation des ours qui pour se protéger des grands froids, accumulent des graisses en été et dorment en hiver laissant leur fonction vitales au ralentit. Moins connus sont les insectes aquatiques qui s'enfouissent l'été dans les lits des rivières asséchés pour retrouver l'humidité nécessaire à leur fonctionnement biologique. Ils réapparaissent aux premières pluies par magie, libérés de leur prison boueuse. Idem pour certains poissons d'Afrique qui ne vivent qu'une saison mais pondent dans la boue pour sauver leurs œufs de la sécheresse. Les alevins éclosent dans les mares dès les premières pluies pour engendrer à nouveau une descendance annuelle. Les oeufs d'artémia salina, petit crustacé des lacs salés tropicaux libèrent leur nauplii à la moindre goutte d'eau. Ils peuvent rester en attente plusieurs centaines d'années!

La nature a prévue des stratégies de survie pour sauver certaines espèces des hivers rigoureux, des étés torrides. Les poissons sauvages des Cévennes ne se laissent pas piéger lorsque les lits des gardons s'assèchent.

Ils savent par instinct depuis des milliers d'années trouver les pools les plus profonds alimentés par des sources fraîches et intarissables ou encore trouver les résurgences des lits. Ce sont ces poissons sauvages comme les chevesnes, les rougettes, les vairons, les chabots, les loches, les truites endémiques, qui survivent dans des gours qui ne s'assèchent jamais. Ils se concentrent ainsi, se partageant l'espace restreint et la nourriture pendant le mois d'août en attendant les pluies automnales pour à nouveau se disperser dans la rivière en sauvant les espèces.

 
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