© J.L Teyssié photographe  
 

Des pêcheurs des Alpes Maritimes ont attrapé cet été, des chevesnes à plus de 2000 m d'altitude dans plusieurs lacs de la zone protégée du Parc National du Mercantour. De quoi refroidir les responsables du Parc, de la Fédération de pêche et ennoblir l'irresponsabilité des pêcheurs qui en utilisant des cyprinidés comme vif pour pêcher les truites ont modifié les peuplements piscicoles de certains lacs de haute montagne dans le Mercantour.

Après la Caulerpa taxifolia introduite en Méditerranée, voici les chevesnes déversés par les pêcheurs irresponsables dans les plus beaux lacs de haute montagne du Parc National du Mercantour: les lacs de Vens, le lac de Rabuons et le lac Scluos. Décidément les Alpes Maritimes payent un lourd tribut aux négligents, aux inconscients, aux “jemenfoutistes” des écosystèmes qui décident de leur propre chef d'introduire des espèces exogènes dans des milieux sensibles et souvent affaiblis par des stress anthropomorphiques.

 
 

Les introductions légales depuis le début du siècle de la perche soleil (heureusement interdite à ce jour), du silure, du black bass et plus récemment, illégales et incontrôlées, des tortues de Floride et tout autres animaux exotiques dans les biotopes de seconde catégorie n'ont pas suffit à attiser la méfiance des pouvoirs publics. Maintenant, la mode est au transport de poissons d'un site à un autre. Les truites et les blacks Américains, les ombres du Doubs, les cyprinidés d'élevage se retrouvent parsemmés au hasard sur des portions de rivière ou dans des lacs sans qu'aucune étude d'accueil n'ait été sérieusement entreprises. Les déplacements empiriques et douteux devraient être interdits pour toutes les espèces piscicoles exogènes et endogènes. Ne foutez pas de l'ombre de la Dordogne dans le Tarn ni du black Américain sur le bas Hérault même pour le plaisir de quelques pêcheurs ou pour relancer une microéconomie de vallée. Laissez les poissons à leur place, la rivière n'est pas une autoroute! Il faut sérieusement commencer à protéger les isolats génétiques de nombreuses espèces (batraciens, invertébrés, poissons etc..) des contaminations génétiques, biologiques, des compétitions spatialles et nutritionnelles. Stop aux gènes scandinaves ou atlantiques en rivière Méditerranéene, stop à l'introduction du black dans les eaux ouvertes de seconde catégorie et stop aux déplacements des populations d'ombre sur des rivières où ils n'ont jamais existé!

Faut il toujours aller plus loin encore dans la bêtise et l'incivisme avec l'introduction du chevesne en lac de haute montagne? On déverse, on introduit empiriquement d'abord et on voit après! On laisse bien les chiens sur le bord de la route pendant les vacances alors pourquoi pas les tortues de Floride, les poissons rouges au bord des rivières et les vifs de cyprinidé en lac de haute montagne?

 

 

Mais où allons-nous?

 

 

Les responsables : pas la peine de les nommer, ils se reconnaîtront bien. Il y a les introducteurs fous qui rêvent d'un zoo aquatique exotique à leur porte, le scientifique hésitant qui remplace une espèce endogène décimée par la pollution du coin (sans pouvoir la résoudre) par une espèce exogène plus résistante mais parasite qui occupe ailleurs la même niche écologique, le gestionnaire empirique et halieutique local qui déverse, déverse et déverse pour les cartes de pêche ou l'inconscient qui va essayer de pêcher la truite de haute montagne avec des cyprinidés.

 
 

La nature ne supporte pas d'être un zoo!

 

C'est grave, car souvent le laxisme et l'immobilisme des politiques protègent à tout prix les bêtises les plus insouciantes pour cultiver un électorat de base. On connaissait les bassines d'arc en ciel électoralistes à l'ouverture en première catégorie, on découvre les magouilles politico-laborantines de la caulerpe, on observe l'absence du respect des lois sur les transports et les déversements des tortues de Floride et d'autres espèces exotiques dans nos écosystèmes aquatiques, on continue l'alevinage des rivières méditerranéennes avec des souches atlantico-scandinaves pour rassurer les vieux électeurs locaux en mal d'habitude. On minimise, on étouffe, on recule pour gagner du temps jusqu'à la prochaine élection où on verra bien après! Bref, on prépare son avenir et la perte d'un patrimoine, d'une emprunte et d'un sens à la vie. Bientôt nos rivières deviendront des supermarchés ou l'ananas de Côte d'Ivoire côtoiera sur le même étalage le kiwi de Perpignan ou la pomme de Ganges. A quand les libres services où les pêcheurs pourront s'approvisionner au choix en brochet, en carpe, en chevesne dans les lacs de haute montagne?

 
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