Connaissiez vous Eriocheir sinansis du pont du Diable? Bien sur que non et pourtant sous vos yeux ce petit crabe chinois d'eau douce gagne du terrain sur le parcours du fleuve de l'Hérault pour arriver maintenant en aval de St Guilhem le Désert. Qui en parle: personne! Demandez donc aux responsables de la gestion piscicole locale si ils connaissent cet intrus du début du siècle?

Ce petit crabe introduit par le déversement des ballastes des bateaux en provenance de Chine dans le port de Sète, a su envahir les écosystèmes d'eau douce de l'Hérault, de l'Aude. Le tout bien entendu, au détriment des invertébrés locaux, nourritures des poissons endogènes. Le crabe chinois se nourrit de plantes, de mollusques, d'alevins et surtout de larves d'insectes aquatiques. Nocturne, il se protège du jour en creusant des terriers dans les berges qu'il destabilise. Exotique et nuisible ce crabe ne mérite aucune protection particulière. C'est une espèce très prolifique qui se reproduit en estuaire. Les femelles peuvent libérer 900000 oeufs par ponte.

Il ne doit surtout pas être confondu avec une souche de crabe indigène ( Potamon ibericum tauricum ) qui habite depuis toujours les berges du fleuve Hérault. Ce petit crabe d'eau douce est strictement protégé. On retrouve des isolats dans les eaux douces de la Grèce orientale, des îles du nord de la mer Egée, du nord-nord ouest de la Turquie , autour de la mer Noire, de la mer Caspienne et dans le bassin de l'Hérault.

   
   

Nous pourrions également vous parler d'un crabe méditerranéen qui envahit les écosystèmes d'amérique latine et du pacifique nord ou de cette méduse importée d'amérique du sud par les ballasts des bateaux qui a engloutit la production primaire de la mer noire engendrant en dix ans un déficit pour les pêcheries de 300 millions de dollars.

Nous pourrions ainsi lister une longue série de pollutions biologiques. Les bateaux, les avions, bref les nouveaux moyens de transports rapides véhiculent de nombreux animaux qui peuvent envahir des zones étrangères en déstabilisant les fragiles locaux. Il faut savoir que 3000 espèces animales et végétales voyagent par jour dans les ballastes des cargos. Les gestionnaires fous sont eux beaucoup plus lents à comprendre l'impact de leur déversement empirique sur les écosystèmes locaux. Il faut dix ans pour se rendre compte des premiers dégats d'une invasion biologique. Ce qui fut le cas pour la caulerpe. Combien cela coûtera t'il à la communauté et aux responsables de demain? Pourquoi vouloir à tout prix introduire des espèces étrangères sur un milieu déstabilisé plutôt que de chercher à protéger les espèces locales en régénérant leur écosystèmes tout en préservant l'identité d'un terroir ? On fou le bordel et on ferme les yeux, le tout pour se faire mousser et plaire aux copains dont les petits enfants un jour regretteront peut être de ne pas avoir connu ce si joli poisson tacheté et vif que l'on nommait truite.

   
   
   
               
 

J'espère que les responsables du Parc National du Mercantour réagiront positivement à la lecture de ces quelques lignes. Les scientifiques Monégasques et Français misaient sur les températures hivernales en Méditérranée pour éradiquer l'exotique Caulerpa taxifolia: ils se sont trompés. Le chevesne de par sa répartition géographique est programmé pour résister au froid alors, méfiance!

     
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