En faisant les rapprochements directs pour chaque molécule contaminantes entre sa concentration dans l'eau à un instant T et sa concentration dans les organes de certains animaux aquatiques aux mêmes périodes, on arrive alors a établir des cinétiques d'accumulation, d'excrétion, de métabolisation des contaminants. Les mathématiques prennent le relais pour établir des modélisations prévisionnelles. C'est-à-dire que nous pouvons prévoir précisément maintenant en fonction des concentrations en polluants dans un muscle de poisson, la quantité de polluant déversés dans un écosystème aquatique à un moment T sur un site précis. Les animaux aquatiques deviennent alors de véritables espions capables de fournir des renseignements précieux sur les pollueurs et leurs activités. Des laboratoires internationaux sont en train d'établir dans le monde entier des listes de bioindicateurs spécifiques à un environnement, sensibles à certains types de molécules polluantes, faciles à échantillonner, et peu coûteux à analyser.

 
 

Un exemple : Tchernobyl reste une très grande catastrophe écologique. C'est aussi devenu un véritable laboratoire de terrain. On a pu suivre par exemple la dispersion isotopique du cesium 137 dans les écosystèmes. On s'est ainsi aperçu que la truite est un très bon bioindicateur de pollution par le cesium. En dosant cet isotope dans les muscles des truites où il se concentre, on arrive à avoir précisément une image de la contamination de l'eau par cet isotope. Et là j'en reviens à la maille et à la gestion des populations de poissons. Si nous ne protégeons pas les populations de truites correctement en diminuant les pressions de pêche, en augmentant les mailles, en diminuant les nombres de prises journalières, en négligeant l'instauration de réserves actives, en négligeant la pédagogie, nous risquons de perdre ce superbe bioindicateur des contaminations nucléaires. Ce qui est grave pour nos santés car il sera difficile d'évaluer une contamination par le cesium et son impact sanitaire. N'oublions pas que de trop grandes concentrations en métaux lourds, pesticides, radioisotopes, herbicides, fongicides, hydrocarbures, PCB, surfactants relâches dans l'eau par nos activités ménagères, industrielles, agricoles et de plus en plus maintenant de loisir, engendrent bons nombres de maladies dont le cancer. De plus la combinaison de ces molécules entre elles, la naissance de leur fille dans le temps et leur recombinaison avec d'autres molécules sous des paramètres spécifiques sont seulement à l'étude. Alors bouziller des truites pour le fun uniquement nous conduira un jour ou l'autre à notre perte. Idem pour les autres animaux de cette planète.

 

Pour conclure ce chapitre et avant de vous laisser découvrir les quelques photographies de nos sauveurs, je veux simplement vous dire que la perte en biodiversité planétaire n'est pas simplement une perte au niveau moléculaire pour la découvertes de nouveaux médicaments mais aussi une perte informative objective des états sanitaires de nos environnements. Ceci reste un superbe argument pour contrer les vieilles gestions halieutiques du « catch and freeze » et pour convaincre nos responsables politiques de la préservation de l'information naturelle. Sachez l'utiliser si vous voulez défendre la nature !

 

 
 
Maintenant, regardons ces poissons que nous aimons. Ils sont sympa, harmonieux et ne demandent qu'à vivre paisiblement dans ce qui reste des cours d'eau.
       
 

Chercher la truite…sa robe se confond parfaitement avec les jeux de lumière et l'environnement rocheux. Les points rouges ou noirs se confondent avec les tâches de la pierre. Sans mimétisme parfait, les poissons se font facilement repérer par leur prédateur. Si le ventre est blanc pour se confondre avec la lumière de la surface lorsque le poisson est vu de dessous, les flancs épousent la texture de la roche pour se confondre avec elle. Le dos plus foncé permet au poisson de se camoufler avec le fond sombre lorsque des prédateurs passent au-dessus de lui.

 
 
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