Revenons à nos éphémères et aux cinq stades de l'émergence. L'importance des dérives et le temps de transformation de l'insecte sur l'eau catalysent et conditionnent la réaction des poissons gobeurs. Sur certains parcours où les poissons sont très courtisés par une pression de pêche excessive, la sélection d'un stade pendant l'émergence des insectes peut faire la différence en action de pêche. Certains poissons installés sur des postes précis peuvent dans le même pool sélectionner deux voir plusieurs stades d'émergence. En amont de la dérive les éphémères présentes des silhouettes de stade 1 alors qu'en aval du pool, elles arrivent sur des stades 4 ou 5 prêtes à l'envol. Un poisson sélectif fera la différence et un pêcheur trop rapide dans l'ascension du pool peut réussir en aval et échouer en amont avec une mouche identique si l'observation de la dérive n'est pas correcte. La progression amont du pool correspond à une remontée dans le temps de vie de l'insecte émergeant. Deux pools séparés par un radier plus ou moins long peuvent également proposer deux dérives différentes sur une espèce identique mais avec des stades divers qui varient en fonction de l'orientation, de la longueur, de la vitesse des veines d'eau, de la température du fluide etc. Tout se complique avec la production de deux espèces d'éphémères ou des blooms parallèles d'autres familles d'insectes aquatiques ou terrestres. La réflexion est l'âme de la pêche à la mouche. Nos questions entretiennent notre passion.

 
© J.L Teyssié photographe , créateur
   

La nécessité de fabriquer des montages progressifs répond à ces observations. Pour une espèce, il n'y a plus une seule imitation d'émergeante mais cinq dont les schémas sont progressifs.

 
 
           

L'imitation du premier stade est très classique. Les matériaux de montage sont alors sélectionnés et les dimensions définies. Ce montage est la base des cinq suivants qui seront réalisés de manière homogène. Les cerques sont en fibre de faisan, les sous corps en dubbing synthétique hydrophobe, les corps en quill de paon bicolore ébarbé sur la partie sombre et non ébarbé sur la partie claire. La partie non ébarbée imite les branchies de l'émergeante. Le thorax est formé par une touffe de CDC sombre repliée depuis l'abdomen vers l'oeillet. Rien de bien original.

           
           

La suite est plus amusante. Au stade 2, la partie antérieure du corps reste identique. Le thorax se transforme et se soulève pour faire apparaître les petites ailes naissantes, il forme alors un pont en CDC qui a deux fonctions bien précises :

•  Il permet de glisser une petite collerette en hackle dun metz pour rehausser la position du leurre sur l'eau. A ce stade, l'éphémère dont les ailes poussent doit se décoller du film de l'eau au risque de rester engluée et vulnérable. Elle se redresse alors pour mieux préparer son décollage. L'émergente dérive plus haut sur l'eau.

•  Ce pont de CDC emprisonne une bulle d'air qui permet d'augmenter la stabilité du leurre et la durée de sa flottaison. Cette durée est proportionnelle à l'espace défini entre le thorax en CDC et la hampe de l'hameçon enrobée par une collerette plus ou moins volumineuse.

L'imitation à ce stade est décorée de petites ailes naissantes imitées par une touffe de CDC claire fixée entre l'abdomen et le thorax. Cette micro-touffe permet de bien repérer cette mouche encore basse sur l'eau.

           
           
   

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