LES DIFFERENTES ZONES DE PECHE A LA MOUCHE EN MER LIGURE. |
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La pêche du bord ne nécessite pas un gros investissement en matériel. Simplicité et efficacité sont de règle. Elle s'exerce sur des profils très variés (ports, digues, côtes rocheuses, flats, estuaires, marécages, plages). C'est la pêche la plus polyvalente et la plus intéressante. On ne sait jamais ce que l'on va prendre à l'avance. Cette technique permet également de pêcher des espèces marines très diverses (céphalopodes, poissons) avec du matériel très simple et léger pour accroître les sensations. La pêche du bord est agréable car elle ne nécessite pas une logistique lourde. On change de postes très facilement sans traîner un matériel encombrant. Les digues, les jetées et les brise-lames sont de véritables refuges pour les poissons fourrages et les juvéniles de nombreuses espèces qui y trouvent également leur nourriture. Ce sont les nurseries de la “Grande Bleue” qui concentrent les alevins attirés par la lumière de surface (phototropisme positif) après leur dérive dans les masses planctoniques. Les carnassiers longent ces enrochements à la poursuite des bancs plus ou moins denses de petits poissons. Ce sont des zones très riches à la fois en espèces et en effectifs. On peut y dénombrer jusqu'à 108 poissons par mètre linéaire. En Méditerranée, les loups fréquentent les jetées par gros temps. Ils chassent dans les remous des brisants sans trop se méfier du passage d'un streamer. Par temps calme, il n'est pas rare, au lever du jour et en soirée, d'observer le long des digues des ports de St Laurent du Var, de Marina Baie des Anges, de Nice et d'Antibes des chasses de séverots et de liches. Ces chasses très rapides, se déplacent d'un bout à l'autre de la jetée et il vaut mieux attendre qu'elles passent à proximité pour éviter de courir sur les blocs glissants et humides. Les mouettes qui plongent à proximité d'une jetée, indiquent que les chasses de prédateurs ne sont pas très loin et qu'elles peuvent se rapprocher si et seulement si les poissons fourrages viennent se réfugier dans les anfractuosités des blocs rocheux.
Les zones rocheuses Les estuaires Les estuaires, donc, sont très productifs en nourriture diverse mais ils ne produisent pas tous de manière synchrone. Nous avons de la chance d'avoir un réseau hydrographique important et varié dans les A.M et de nombreux estuaires proches les uns des autres. De Vintimille au massif des Maures, s'étalent les estuaires de la Roya , du Var, de la Cagne , du Loup, de la Brague , de la Siagne et les embouchures des petits vallons comme le Paillon et le Magnan. Les productions de ces différents estuaires sont étroitement liées aux conditions climatiques et géographiques du moment et du lieu (crues, températures des eaux, expositions aux vents etc.). L'été, l'estuaire du Var est un haut lieu de rendez-vous des bonites, des liches, des palomines et maintenant des bluefishes ou tassergals. Ces poissons migrateurs reprennent des forces dans cet estuaire qui est un des plus productifs car un des plus importants de la zone Nord-Ligure. J'y pêche aussi bien des loups, des chinchards, des orphies que des gros chevesnes ou des truites Fario.
Les zones portuaires Le pêcheur qui recherche en priorité ces chasses, doit immédiatement profiter de ces moments de folie pour poser très rapidement son leurre au milieu, ou à proximité, des chasses tout en restant très discret car les poissons de mer sont craintifs et méfiants. Petits barracudas, séverots, loups, orphies, rascasses, ”mouchent” le long des digues et dans les zones éclairées des ports de la baie des Anges. Les entrées de port sont des bons postes de passage des poissons. L'arrivée des bateaux est à surveiller car quelquefois, de beaux poissons s'abritent le long des coques et dérivent ainsi dans les zones portuaires. En décembre et en janvier, il y a eu des attroupements de beaux barracudas dans le port de Cap d'Ail. Des spécimens de un mètre se sont laisser leurrer à la mouche au coucher de soleil.
Les plages Les zones de contraste plage/digue, plage/enrochement sont intéressantes à prospecter. Les poissons fourrages ou les juvéniles se réfugient dans ces caches inespérées. Les herbiers à posidonie ou à caulerpe sont encore des zones de refuge potentiel. Les trou le long de la berge creusés dans les graviers ou dans le sable par les vagues, créent un environnement idéal où se réfugient les proies et où le volume d'eau est adéquat pour que les prédateurs les coincent, les chassent et attendent l'arrivée d'une vague pour reprendre le large. J'avoue préférer les plages ouvertes où les surfs excitent les carnassiers. Et puis, je trouve qu'il est amusant de jouer avec la force du vent et des vagues. Un poisson pris dans ces eaux animées par des courants, des vagues et des vents oppose un combat bien plus violent qu'un poisson leurré dans une zone calme. Il peut jouer avec ces éléments en mouvement. Le combat est beaucoup plus technique, tactique et sensationnel. Le strip n'est pas toujours évident dans cette eau en mouvement. Chaque pêcheur doit alors chercher un angle et un rythme favorable. Il est vivement conseillé d'essayer de garder un contact minimum avec son streamer. L'observation du milieu reste essentielle avant toute action. Je lance toujours ma soie le plus loin possible devant moi avant de pêcher pour évaluer la direction et la vitesse des courants, la puissance la forme et le rythme des vagues, la résistance au vent. Puis, je regarde les flots pour détecter les chasses de surface. Il ne faut pas se précipiter sur les chasses mais bien observer leurs déplacements. Il ne faut pas trop taper l'eau avec la soie car les prédateurs peuvent s'éloigner rapidement du bord pour aller voir ce qui se passe ailleurs. Perdre une chasse par maladresse, c'est se mordre les doigts pendant toute une soirée! Sans chasse, il faut alors patiemment pêcher l'eau et chercher des zones de contraste. La nuit, je choisis toujours des plages éclairées (bordure des routes, chantiers, activités de loisirs). La lumière attire les proies et est bien pratique pour changer sa ligne ou refaire un noeud. Pendant la journée, je recherche les poissons qui se déplacent parallèlement à la berge. On les repère par transparence dans les murs des vagues qui se relèvent avant de s'écraser. Au Sénégal, les bars mouchetés naviguaient dans les murs d'eau avec les bancs de mulets. Je prospecte également les écumes des vagues qui s'écrasent. Les loups aiment bien y surprendre leur proie même dans très peu d'eau. Il m'est arrivé de capturer de beaux loups en face du Négresco dans très peu d'eau ou plutôt dans très peu de bulles (cf article de “danse avec les loups du Négresco” à paraître). Si cela vous arrive, surtout n'oubliez pas de garder beaucoup de soie dehors car le départ d'un beau loup (1 à 2.5 kg ) dans un surf est identique à celui d'un booster dans l'espace! Les plages protégées offrent des eaux plus calmes. L'approche doit être discrète. Un matériel plus léger est alors utilisé pour prospecter ces zones calmes. De nombreuses digues encadrent les plages du Cros de Cagne. Les prédateurs qui sortent de l'estuaire du Var viennent se régaler des nombreux poissons fourrages qui se réfugient dans les enrochements des digues. Ils naviguent d'une digue à l'autre parallèlement à la côte. Ils tournent à la recherche de leur proie. Ils sont très vulnérables car moins méfiants en soirée lorsque la lumière baisse. En stripant parallèlement à la plage, j'ai attrapé de nombreux petits loups et dentés. Les petits flats de la Côte se prospectent l'été en soirée. Il est agréable de pêcher immergé dans une eau à 25°C , les loups, les dentés, les marbrés et les épineuses vives. Je stripe lentement des stream.V sur le fond. J'utilise également des imitations de crabes. Trainés sur le sable, ils resuspendent quelques particules. Leurs sillages sont immédiatement repérés par les loups.
Les événements exceptionnels Les euphausiacées sont un peu les équivalents des insectes aquatiques de nos eaux douces. Ils occupent les mêmes niches écologiques et s'intègrent au même niveau dans les chaînes alimentaires. Leur taille maximale est de 4 cm . Ces petites crevettes sont fragiles, légères, translucides et presque aériennes. Elles filtrent les bouillons cellulaires d'algues phytoplanctonniques ou elles broutent la neige marine. Les poissons, les baleines, les phoques et les oiseaux en raffolent. Elles sont très riches en lipides et amènent énormément d'énergie à leur prédateur. Les migrations de ces animaux sont verticales et nocturnes pour essayer d'échapper à leurs nombreux prédateurs. Lorsque les euphausiacées ont bien brouté en surface les cellules phytoplanctoniques, ils sondent dans les fonds abyssaux, à la fraîcheur pour économiser leurs dépenses énergétiques (fonctions vitales ralenties). Et pendant 4 années de vie dans les mers, les euphausiacées montent et descendent dans la colonne d'eau en essayant d'éviter les attaques des prédateurs. La reproduction de l'espèce semble être la raison de ce rassemblement proche des côtes, qui prend de l'importance lorsque la lune est pleine et le ciel dégagé par le mistral. Les oeufs produits dégringolent ensuite à plus de 1000 m de profondeur. Les poissons carnassiers se jettent violemment dans les grands bancs de krill. La gueule ouverte, ils enfouissent un maximum d'euphausiacées en un minimum de temps. Ils se régalent de cette manne de la mer qui leur apporte énergie et puissance. Les carnassiers guettent avec attention les déplacements des euphausiacées. Les loups, les séverots, les calmars attendent les crevettes dans les zones portuaires éclairées. Les euphausiacées par phototropisme positif sont attirés par la lumière. Ils se rassemblent par millier sous les lampadaires des ports ou sous les lampes des pêcheurs qui les capturent dans leurs filets pour en faire des appâts. Il faut alors admirer sous les éclairages du port, le balai tournoyant des prédateurs qui encerclent les bancs de crevettes. Les séverots surfent pour percuter les masses d'euphausiacées qui tournoient affolés par ces attaques subites. Ils les avalent, les déchirent, et ils s'enivrent de leur chair. Les poissons excités par cette nourriture abondante et facile à capturer, perdent leurs méfiances et se laissent leurrer par de jolies artificielles correctement présentées et animées à proximité des bancs de krill. J'utilise une canne de 9 pieds qui propulse un shooting-head plongeant (ST-7-S) pour taper dans les bancs d'euphausiacées à différents niveaux de la colonne d'eau. Mon bas de ligne est assez court et sa pointe est en 22/100 à 25/100 eme. Je ramène la soie avec de petits mouvements saccadés pour imiter la nage tourbillonnante et anarchique du krill. Je fais sortir mon imitation du banc pour qu'elle soit facilement repérée par un poisson de passage. Je ferre doucement (enfin comme je peux!) à la première anomalie ou au premier contact avec le poisson. Le ferrage est délicat car les bancs d'euphausiacées évoluent à quelques mètres du bord. La tension de la ligne est maximale sur ces courtes distances. Le bas de ligne peut alors se rompre si le choc est trop dur. Pour compenser la perte d'élasticité de la ligne sur courte distance, je vous conseille de laisser le poisson s'accrocher et se ferrer tout seul. C'est facile à dire mais pas évident à faire car on a toujours le réflexe d'un ferrage violent et rapide. J'aime cette pêche autour des bancs d'euphausiacées car elle réserve bien des surprises. Tout est en mouvement, le krill bouge, les carnassiers encerclent le banc et tout peut arriver à chaque instant. La phase la plus excitante est la montée, depuis les profondeurs sombres, du carnassier qui tape dans le banc et qui se détourne au dernier moment pour engamer une crevette artificielle du krill.
La pêche en float tube Ludique et magique, la pêche en float tube est une nouvelle approche des poissons pélagiques. Elle est un compromis entre la pêche du bord et la grande pêche du large. Elle permet d'approcher de très gros poissons en toute discrétion. C'est une nouvelle mode qui se développe bien sur la côte car cette technique est très bien adaptée aux eaux bleues de notre belle Méditerranée. Certaines règles sont à respecter pour éviter les dangers de la mer. Il ne faut pas sortir en float par gros temps, ni floatter dans un estuaire en période de crue. Il est recommandé de bien connaître les courants du coin et les zones de gros surf. En Méditerranée, les coups de vents peuvent être rapides et violents. Il faut également se méfier des courants et des crues du fleuve Var dont les eaux douces peuvent vous refroidir rapidement le corps et vous provoquer des crampes aux muscles des jambes. Enfin, il faut être en bonne forme physique pour lutter longtemps contre les courants, les vagues et le vent. Le float tube est un petit moyen de navigation et il ne faut pas l'oublier. Il serait ridicule de faire tourner une partie de plaisir en un cauchemar. Ne dramatisons pas trop! Le float en été à 30 m du bord par temps calme est une vraie partie de plaisir. La navigation, les promenades côtières, le cabotage s'ajoutent aux joies de la pêche à la mouche et à la capture de beaux poissons. En float, on a jamais été aussi prêt de l'eau et des poissons. Et puis le float, ça coûte moins cher à l'achat, en entretient qu'un bateau et cela peut rapporter aussi gros. Porté par son float tube, le moucheur est libre. Il oublie immédiatement le monde quotidien pour retrouver la sérénité de la Grande Bleue. Il n'a plus qu'un but: dépister les bancs de poissons chasseurs à proximité des berges. Le float tube est un instrument magique. Cette bouée adaptée au besoin de la pêche à la mouche permet l'évasion rapide dans les eaux calmes de la mer Méditerranée. Il est rapidement gonflé et mis à l'eau. Le moucheur marin peut ainsi débarquer de toutes les plages, digues ou zones portuaires. C'est l'outil idéal qui concilie évasion et activité familiale estivale. Chacun sait que les moucheurs mariés éprouvent des difficultés à excuser leurs sorties de pêche. Ici le problème est résolu et tout le monde est content. Les sorties de plage s'effectuent en famille et pendant que maman bronze et que les enfants jouent dans l'eau, papa peut se glisser dans son float à la recherche des carnassiers marins chasseurs. Tout le monde est content et fini les querelles du week end. De plus sur la côte, on peut toujours louer son float au magasin du coin (Ancre d'Or) pour la journée ou les demis journées. Il y a les véliplanchistes, les surfeurs et maintenant les floatteurs qui se retrouvent le soir au bord de la Grande Bleue pour pêcher un coucher de soleil. On retrouve un peu les ambiances de plages U.S ou la guitare côtoient le float, la neuf pieds et le système two chargé de deux cents mètres de backing. Le float en mer, c'est sympa et ce sera peut être la “grande vague mouche” des années 2000. Le float est aussi un instrument très sophistiqué malgré son apparence de bouée. Il est dessiné et étudié pour la pêche à la mouche. Les derniers modèles de chez E.S.F.T sont profilés comme des Riva pour fendre la vague et offrir la plus petite résistance au vent. Les float tubes de Ron Thompson sont des modèles en V avec ouverture à l'avant. Il est très stable et 40% plus rapide et plus maniable que les modèles en U. Il est conçu avec une double chambre à air et il possède une double valve de sécurité. Les rangements se résument à deux poches latérales et une grande dans le dossier. Les détaillants proposent en option un porte canne, une ancre pour limiter les dérives, des rangements pour caser les boites à mouche, les moulinets et les bobines supplémentaires, un sac ventilé pour que le float sèche pendant son transport. Il y a même une petite pompe à air qui se branche sur l'allume cigare de votre véhicule ou une wonder pump à pied qui gonfle en quelques minutes le plus gros des floats. Des palmes flottantes sont spécialement conçues pour les déplacements en float tube. Après les waders et leurs chaussures, les cuissardes et leurs chaussons, le moucheur devenu marin complète sa panoplie avec un float, une combinaison de plongée et une paire de palmes. Que de matériel pour pêcher à la mouche! Bruno Thailades conseille l'utilisation de cannes assez puissantes (Redington, Winston) pour tenir et ramener rapidement des gros poissons afin d'éviter leurs empoisonnements par les toxines libérées dans leurs corps pendant les combats. Ces cannes de neuf pieds propulsent des soies flottantes WF7-8 ou des shooting head intermédiaires n°9. Les ligatures des cannes doivent être épaisses pour lutter contre la corrosion des sels de mer et les frottements des soies. Les anneaux sont larges pour favoriser la glisse pendant les shoots. Les soies flottantes WF sont conseillées pour la pêche en temps calme ou dans des zones protégées du vent et des vagues. Les soies coulantes ou intermédiaires évitent les effets du vent en surface. Les soies intermédiaires sont les plus polyvalentes et les plus pratiques. Les shooting head sont des soies très courtes qui entraînent de par leur profil des running line ou lignes courantes. Ils équivalent à la section frontale d'une soie WF. Ils peuvent se fabriquer en coupant une vieille soie WF dans sa partie frontale ou en coupant en deux une soie DT. Deux shooting sont ainsi fabriqués et la partie très fine de la DT est reliée au running line, la partie la plus large devenant la partie frontale du shooting. Les shooting head sont pratiques pour lancer à longue distance et avec peu de recul (obstacle arrière, floating tube). Ils peuvent être flottants, intermédiaire ou coulants à différente vitesse. Ils sont rapidement changé sur la bobine car ils sont courts. Rangés dans des sacs Zip, ils n'encombrent pas les poches. Les running lines sont des lignes ou soies synthétiques parallèles qui prolongent le court shooting head. Ils doivent bien glisser dans les anneaux pour ne pas freiner la course du shooting head qui entraîne le bas de ligne. Les running line peuvent être flottants, intermédiaires ou coulants. Que peut on pêcher en float à quelques dizaines de mêtres du bord? Réponse: des poissons sédentaires comme des gros séverots, de beaux loups, de longues orphies et des poissons migrateurs estivaux comme des liches, des bonites et des palomines. Les chasses des prédateurs sont repérées aux mouettes qui plongent dans les bancs denses ou boules de poissons fourrages. En absence de chasse, le floatteur doit rechercher les postes à prédateurs. Les souches dérivantes, les paquets d'algues, les bouées et leurs lignes, les cages piscicoles abritent de nombreuses petites proies. Les prédateurs marins se concentrent sur ces postes fixes et dérivants. Un streamer qui passe à proximité sera immédiatement engamé par un carnassier affamé. Le float tube permet une approche silencieuse et discrète des chasses. Les vedettes rapides foncent sur les boules de poissons fourrages. Le bruit des hélices affolent proies et prédateurs qui sondent et se déplacent rapidement pour fuir les intrus. Le float amène le pêcheur dans les chasses de proximité. Cependant, un brassage d'eau trop bruyant avec les palmes, une précipitation trop violente sur les chasses, des mouvements brusques dans les bancs, de trop nombreux faux lancers inutiles, sont à éviter. Les chasses se déplacent très rapidement et il est impossible de les suivre en float sans potion magique!. Il faut essayer de garder sa chasse et s'y installer avec patience et calme. Les prédateurs encerclent le banc de poissons fourrages pour en faire une boule. Puis, ils se jettent dedans pour les croquer ou les assommer et les récupérer ensuite sous la boule. Tout cela prend du temps pour se mettre en place. Alors gâcher cette scène pour quelques précipitations malencontreuses, c'est perdre une partie de pêche et l'occasion de ferrer de très beaux poissons. Rapidité de l'observation, de l'approche, de la réflexion, des lancers sont les clefs de la réussite. Les doubles tractions sont indispensables pour atteindre le banc qui dérive. La rapidité du stream est variable en fonction de la proximité et de la profondeur des chasses. Les shooting head et les soies plongeantes doivent sonder rapidement sous la boule pour atteindre les prédateurs qui engament les restes ou leurs proies assommés. Les captures doivent être rapidement ramenée pour éviter que les poissons ne s'empoisonnent avec les toxines libérées dans leurs corps pendant les combats trop longs. L'organisation de son matériel, de son float sont à prévoir avant la sortie de pêche. Il n'est pas question de trafiquer son bas de ligne, de chercher ses boites à mouche voir de changer sa mouche pendant les chasses. Toute seconde perdue sont des mètres en plus qui séparent le moucheur des chasses. Un noeud, une casse sont à prévoir avec des potences déjà prêtes. Les moulinets System two 89, Abel number 2 big game contiennent 250 m de backing 20 livres , ils sont les plus adaptés à ce style de pêche car ils ont de bon frein et sont traités anticorrosion.. Les bas de ligne sont de véritables casses tête pour le pêcheur marin débutant. La pêche à la mouche en mer nécessite une bonne connaissance des noeuds. Fini les fragiles noeuds barils, il faut maintenant s'attaquer aux noeuds qui résistent aux tractions de poissons puissants. Il faut au moins dix noeuds, de la bobine à la mouche, pour construire une ligne. Les différents noeuds sont étudiés pour relier entre eux des éléments de composition et diamètre différents. Un bon conseil: si vous doutez de votre noeud, refaite le immédiatement! Je vous conseille cependant de lire l'excellent ouvrage, de Lou Tabory “Inshore fly fishing” afin de découvrir les noeuds et bas de ligne pour la mer. De toute manière, nous y reviendrons plus en détails dans de prochains articles. Un bon coin dans les A.M pour s'amuser en float: des plages de l'Ancre d'Or au Cros de Cagnes à l'estuaire du Var.
La pêche au large C'est la pêche extrême et coûteuse! Bateaux et matériel de pêche ne sont pas toujours à la portée de tout le monde. Toutefois, on peut toujours rêver de monter sur le bateau du copain et partager les frais de sortie. Cette pêche certes réservée à une élite, est l'image d'une évasion et d'un contact total avec des poissons magiques. Les eaux bleues du large sont mystérieuses, inquiétantes et de ce fait attirantes. Il est donc très excitant d'y pêcher à la mouche des espèces fuselées pour la nage (maquereaux, liches, bonites, barracuda). Ces poissons migrateurs sont très attendus par les moucheurs car ce sont de véritables bombes qui vous plient les cannes en quatre après vous avoir vidé quelques centaines de mètres de backing!. L'approche du bateau doit être hyper discrète. La difficulté n'est pas de faire mordre le poisson, mais de l'approcher. Avec un peu de chance, tout devient magique. Les poissons vous entourent et filent à toute vitesse en quête de leurs proies Vous pouvez presque choisir votre poisson. Il faut faire des lancers précis au bon moment. La dérive de la ligne doit être bien contrôlée et intégrée dans les mouvements du bateau. Les poissons du large sont très combatifs. Profilés pour la nage rapide et performante, ils épuisent le pêcheur à la mouche qui a su les approcher et les leurrer. La défense d'une bonite ou d'une liche n'a rien à voir avec celle d'une fario de la même dimension. Où trouver les poissons dans ces eaux bleues? L'immensité déroute un peu au début! Près des côtes, les moucheurs repèrent les gros poissons (bonites, liches, palomines) aux ballets aériens des mouettes. Les oiseaux plongent dans les les boules de poissons fourrages que chassent les carnassiers. Plus au large les bouillonnements d'une chasse signalent les prédateurs. Tout objet dérivant est suspect et contraste avec les eaux bleues. Les poissons fourrages ou les juvéniles peuvent s'y réfugier et attirer les prédateurs. Les fronts eaux chaudes/froides, calmes/risées, eaux douces/salées, les bordures de courants concentrent les nourritures. La pauvreté des eaux bleues contraste avec la richesse des eaux côtières. Loin des sédiments et des alluvions, les eaux bleues ne sont pas toujours très productives. Les poissons les fréquentent pour aller d'un point à un autre à la recherche de nourriture ou pendant les migrations. Rares sont les poissons pélagiques qui vivent uniquement dans les eaux bleues. Les poissons benthiques profitent de la proximité du fond enrichis par les neiges marines, pour se réfugier et consommer les productions locales. Quelques poissons naviguent entre les fonds et la surface pour trouver les nourritures dérivantes ou plongeantes dans la colonne d'eau. Cette colonne de plusieurs centaines de mètres de hauteur est habitée par une faune et une flore spécifiques à chacun de ses étages. Tous ces petits animaux interdépendants naissent, vivent et meurent en se nourrissant des autres pour devenir plus tard une nourriture. La production est si faible que rien n'est perdue et tout est utilisé à chaque étage de la colonne. Au fond arrivent les détritus, les fèces, les carcasses, les mues des animaux de toute la colonne. Ces déchets enrichissent le sédiment par le travail bactérien qui transforme le carbone organique en inorganique et les autres composants en engrais. Les upwelling ou courants montants, les tempêtes sous-marines ou néphéloides resuspendent et véhiculent en surface les sels minéraux utilisés par les masses phytoplanctoniques. La boucle de la colonne se referme et le cycle de la vie recommence mais ne sera pas suffisant pour nourrir les prédateurs. Alors pour attirer les gros poissons, les moucheurs “chumme” la mer. Ils déversent des kilogrammes de mélanges de sang et de chair de poissons. Puis il pêche dans les boules artificielles les prédateurs de passage attirés par ce festin providentiel. Des cannes puissantes pouvant porter des soies de 7 à 10 sont conseillées pour la pêche des espèces pélagiques comme les bonites, les liches ou les palomines. Le moulinet doit avoir un système de freinage efficace. Il doit être de conception simple, solide et doit pouvoir contenir la soie et un backing de plusieurs centaines de mètres Les sels de mer provoquent par dépôt, des phénomènes d'oxydoréduction sur les parties métalliques. Un moulinet dont les éléments sont traités contre la corrosion (en carbone ou en alliage) fera l'affaire. Après chaque sortie, il est conseillé de rincer à l'eau douce la soie, la canne, le moulinet et le bateau!
Il n'est pas nécessaire d'aller à l'autre bout du monde pour plonger ses streamers dans l'eau salée. La mer Ligure est à nos pieds. Tout reste à faire et à découvrir à coté de chez nous. Rien n'est facile au début et les premières bredouilles nous apprennent beaucoup. Elles sont vite compensées par les moments de folie furieuse partagés avec les poissons marins.
Persévérance, patience, communication et observation sont les clefs du succès.
Article publié en partie dans la revue Française Pêches Sportives |
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