Le Cians est une veine dans la montagne où convergent nombre de vaisseaux appelés ici canyons. Les affluents du Cians sont nombreux et très profilés. Certains comme le canyon du Raton ont des pentes de plus de 100 %. Attention aux orages qui gonflent rapidement la rivière, quelques canyonneurs ont payé de leur vie leur imprudence. Ce torrent est encore poissonneux depuis son accès amont à la station de ski de Valberg. Les truites sont en général petites mais nombreuses. Une vingtaine de cascades hautes de plus de 10 m composent son profil. Autant dire qu'il ne faut pas s'aventurer seul dans ces canyons qui sont malheureusement de plus en plus fréquentés par les canyonneurs pas toujours scrupuleux. Si les guides de canyoning édités par Jean-Louis Guilleman incitent à la protection de l'environnement par l'explication détaillé du fonctionnement des écosystèmes et des chaînes alimentaires des canyons, les réalités de terrain sont bien différentes et l'impact d'une surfréquentation estivale en période d'étiage engendre des stress notoires. La modification du milieu par piétinement intensif, le retournement du substrat, la dérive des insectes, la destruction des frayères isolées provoquent une déstabilisation des populations de poissons sauvages. Ces canyons tranquilles depuis des millions d'années étaient les ruisseaux pépinières des rivières principales. Sans ces réserves naturelles en alevins, les populations de truites en aval sont menacées. Encore une fois, il faut trouver un compromis entre le développement d'une économie locale et le massacre d'un écosystème support de cette économie. Comment le canyon du Riolan dans l'Estéron peut-il supporter le passage de plus de 1000 personnes tous les week-end de l'été ?
     
       
             

Comment ne pas penser à l'impact que le Pr Chappazze de l'Université de Marseille essaie de déterminer de toute urgence car mandaté par le gouvernement Français inquiet de voir son patrimoine aquatique foutre le camp. Enfin, une réaction qui engendrera nous l'espérons une politique de prophylaxie et la mise en place active des principes de précautions environnementaux.
Le canyon de l'Eguilles ou le Challandre présente un domaine de pêche court avec de jolis poissons. La Ciavanelle est un canyon affluent poissonneux au parcours long et escarpé. Il y a des truites, des barbeaux méridionaux, des anguilles dans le vallon de Pierlas entre sa confluence avec le Cians et le vallon de Roubi. Enfin le vallon de Thiery et d'Argilane sont uniquement accessibles à partir du Cians sur un parcours de 500m. Ils offrent une succession de trous poissonneux. Tous ces vallons sont fragiles. Certains sont menacés par les déversements ménagers directs ou les pompages sauvages d'eau, les autres sont inquiétés par les canyonneurs de plus en plus attirés par les endroits reculés.

 

     
     

Les parcours des gorges du Cians sont à explorer avec des cannes courtes de 5 à 6.6 pieds pour mieux poser dans les passages étroits sur les eaux rapides. La mouche touche l'eau quelques secondes et cela suffit à faire sortir les truites sauvages de leur cache. Les mouches sont très flottantes et solides pour résister aux eaux tumultueuses (voir Pêche Mouche n°31, Juillet/Août 2002 p 35 : canyons à la mouche). Elles sont construites sur le principe du tube-bodiz creux, léger et hydrophobe.

J'utilise des vieilles soies et des bas de ligne très simples et courts pour moucher dans les gorges du Cians et dans les canyons en général. Rien ne sert d'avoir du matériel très sophistiqué et coûteux, car les chutes et les risques de casse sont nombreux. On est très à l'aise avec du matériel bon marché pour risquer les postes les plus prometteurs. J'adore pêcher simplement. Les gilets encombrants surchargés de gadgets pour réservoir sont inutiles voir dangereux dans de telles conditions de pêche. Une boite à mouche flottante, une soie pourrie, une canne « cheap and short » et le tour est joué. Nous avons, avec Guillaume pêché le Cians cette année à la fin du mois de juin et le début du mois de juillet. Les pêcheurs du coin cessent leur activité en général deux ou trois mois après la fermeture. Ensuite, la rivière est aux amoureux de la pêche sauvage. Les truites nombreuses dans les gorges étaient postées en zone sombre dans la partie avale et large et en zone éclairée dans la partie amont et étroite. Trop de lumière en aval fait fuir le poisson et le moindre rayon lumineux qui dynamise les éclosions en amont l'attire. Les truites ont des comportements différents sur ces deux parcours. Dans la partie étroite, les plus beaux poissons étaient également postés dans l'écume blanche des cascades. Ils devaient attendre les dérives d'insectes noyés dans les tourbillons. Nous pêchions directement ces postes, car les radiers et les entonnoirs étaient peuplés de petites truites qui une fois ferrées, affolaient toute la zone. Quant aux mouches, je n'utilise dans les gorges du Cians que les concepts tube bodiz bien adaptés aux eaux très rapides. Ces mouches flottent très bien et longtemps. Bien entendu, les autres concepts sont absolument valables mais ils coulent un peu plus vite. Nous pêchions avec des imitations de fourmis, de guêpe, de diptère et d'éphémère. J'ai également pris une truite sur une imitation de scarabée en néoprène.

 

Les gorges de Cians ne sont pas techniquement difficiles à pêcher. Elles sont plus difficiles à atteindre qu'un lit de rivière classique et plus dangereuses par mauvais temps. Toutefois, et c'est bien là l'essentiel, elles offrent un dépaysement complet et une grande sensation de solitude. Avec Guillaume, nous avions la sensation de pêcher en Arizona. Les voyages de proximité sont bien agréables !

   
     
   
   
AM