Si la pêche des chevesnes est ludique, la pêche à la mouche des petites truites sombres et sauvages des hauts Gardons Cévenols est très technique et subtile. Après l'école des chevesnes, voila l'université des truites.

Les hauts Gardons Cévenols sont malheureusement très braconnés par des inconscients à la recherche de gains minables. La revente des truites de toutes les dimensions est chose courante. Les braconniers estivaux tuent à la javel ou à la fourchette tout ce qui bouge et qui est tacheté dans les hauts Gardons. Malheur à ceux qui ne savent pas préserver leur patrimoine ou celui des Cévenols souvent bien plus respectueux de leur environnement proche.

Les populations de truites Cévenoles sont bien fragiles. Elles résistent difficilement aux assauts des hommes qui sans cessent font pression pour l'amenuiser. Dans un tel contexte, le moucheur se doit de relâcher la majorité de ses prises pour au moins assurer un faible renouvellement des stocks. Nous l'avons vu, l'alevinage ne sert à rien si ce n'est à gaspiller l'argent des pêcheurs en déviant les fonds destinés à l'entretient des écosystèmes. Seule la protection de la reproduction naturelle par la diminution de la pression de pêche et par le combat du braconnage sauvera les quelques truites qui restent coincées entre les sources et les pressions humaines plus en aval. Mais alors pourquoi pêcher à la mouche des poissons si menacés? Tout simplement pour un plaisir très égoïste et pour surtout évaluer d'année en année les impacts du braconnage et de la pêche sur les populations de salmonidés locaux.

 
Les hauts Gardons Cévenols ne sont pas faciles d'accès. Les agriculteurs de moins en moins nombreux n'arrivent plus à assurer un entretient correct des forêts et des berges qui se laissent envahir par les broussailles. Les sociétés de pêche préfèrent aleviner inutilement en donnant à manger un peu plus bas aux chevesnes après la première crue plutôt que d'entretenir la rivière. Il en résulte un appauvrissement des productions primaires par manque de zone ensoleillée et par un lessivage systématique des boues que la forêt ne peut plus retenir pendant les grands orages d'automne. Les salmonidés ont bien du mal à combattre les aléas climatiques associés aux calamités humaines. Mais il y a toujours quelques villages d'irrésistibles pêcheurs qui résistent aux mauvais gestionnaires.

Le haut Gardon de la vallée Française et les hauts Gardons de la vallée des Plantiers sont encore très correctement entretenus par des activités agricoles ou par une volonté farouche de certains responsables de fédération à préserver leur patrimoine halieutique. Dans ces deux vallées, Les truites sont nombreuses et belles contrairement aux autres têtes de bassin où les gros poissons sont rares. La réglementation y est plus stricte. En vallée Française, la pêche ferme fin Août pour laisser les géniteurs tranquilles après une longue période d'étiage et avant l'arrivée des crues. La maille est à 25 cm et le no-kill est vivement conseillé. Les parcours sont gérés par les riverains et l'alevinage est proscrit. Résultats: de beaux poissons sur des parcours très très très surveillés.

Au village des Plantiers, les responsables de l'association de pêche et de l'environnement de la vallée Borgne, s'inspirent des toutes nouvelles gestions de pêche. L'accent est mis sur l'entretient des écosystèmes de la rivière et de la montagne, sur la diminution de la pression de pêche et sur la surveillance intensive du braconnage. Les résultats sont là, des centaines d'alevins issues de reproduction naturelles repeuplent les vallons. L'espoir existe donc de voir les rivières habitées par les jolies sauvages des Cévennes si et seulement si tous les efforts développés par nos deux amis sont supportés par tous.

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