© J.L Teyssié photographe , créateur
   

Tout a commencé pendant une partie de pêche dans une résurgence aux pieds du Baou de St-Jeannet (préalpes Niçoises) à 10 minutes en voiture de la grande bleue. Je pêchais tranquillement dans un canyon calcaire, lorsque à mes pieds des dizaines de larves jaune-ors émergeaient d'un fond sédimentaire marneux. Elles se dandinaient et se convulsaient comme pour se débarrasser de quelque chose. En quelques minutes, elles quittèrent avec peine leurs exuvies pour s'envoler maladroitement sous le nez des truites complètement excitées par cette manne ascendante.

Ce fut ma première éclosion de mouche de mai en direct et le début d'un grand amour pour ces insectes gracieux.

     
     
 

Depuis, je passe plus de temps à échantillonner des larves dans la vase qu'à me concentrer sur mes activités de pêche. Je me promène au bord des rivières avec une épuisette d'aquarium dans mon panier de pêche. Je capture des larves de toutes les espèces d'insectes aquatiques et je les conditionne dans de petits aquariums où je suis leurs développements et leurs éclosions. Je prélève sur mes lieux d'échantillonnage quelques composants des biotopes dans lesquels elles évoluent, par exemple, des sédiments, des vases, des feuilles, des débris organiques, des graviers qui sont les supports de nombreux insectes aquatiques. Je les transporte à la maison dans des petits sachets en plastique et je recrée en petit volume des micro-écosystèmes spécifiques aux larves.

     
     
 

Pour copier l'écosystème dans lequel évoluent les larves de mouche de mai, je conditionne un sédiment marneux et calcaire au fond d'un aquarium en plastique dont les parois lisses et translucides facilitent les prises de vue photographiques. Une petite pompe à eau empêche les bactéries anaérobies d'oeuvrer et de transformer mon sédiment en une vase nauséabonde. Au bout d'une semaine, j'introduis dans mon mirocosme équilibré quelques larves fraîchement prélevées dans la rivière.

Je les observe pendant quelques jours dans ce biotope reconstitué et je note leurs comportements. Puis, j'installe mon aquarium dans un endroit assez éclairé pour prendre en photo les larves qui se déplacent sur ou dans le sédiment. L'éclairage solaire est idéal pour faire des prises de vue car il est assez puissant. Naturel il n'effraie pas les larves qui peuvent être photographiées correctement sans stress. La photographie en éclairage naturel est assez aléatoire et totalement dépendante des conditions météo, un nuage assombrit toujours le ciel pendant les instants les plus prometteurs.

Je photographie tant bien que mal les larves qui marchent sur les sédiments, qui s'enfouissent, qui se reposent la tête dans la marne avec seulement les branchies effleurant la couche interstitielle. Elles creusent avec leurs puissantes mandibules des galeries souterraines pour échapper à leurs nombreux prédateurs. Elles se nourrissent de la végétation des biotopes dans lesquels elles évoluent et des détritus qui sont déposés sur les sols.

Ces larves ne plongent pas trop dans les couches sédimentaires. En aquarium, elles ne se sont pas enfoncées plus d'un demi-centimètre sur une profondeur total de cinq centimètres de sédiment. Elles restent donc assez vulnérables sur un sédiment de cette qualité. Cette remarque en plus de l'observation des comportements larvaires sur le sédiment, nous suggèrent que les truites peuvent les chasser et les capturer pendant leurs déplacements ou en période de crue lorsque les fonds sédimentaires sont remis en suspension.

Ces larves fouisseuses sont certainement des proies très prisées par les salmonidés et demandent absolument à être imitées.

     
   

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